Les liens de partis démocratiques belges avec l’extrême droite turque

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Brigitte Grouwels (CD&V), Joëlle Milquet (CDH) et Pascal Smet (SP.A) ont, le 10 novembre dernier, dîné avec l’extrême droite turque… Révélations sur sa mouvance et sur les liens qu’elle entretient avec des démocrates belges.

Sur cette photographie – issue du site Bel-Turk – la président Joëlle Milquet du CDH pose avec plusieurs représentants de la communauté turque de Belgique, au cours de la soirée organisée, le 10 novembre 2003, par une organisation d’extrême droite !

Il y a dix ans, les partis démocratiques belges signaient la « Charte de la démocratie » contre l’extrême droite. Le lundi 10 novembre dernier, dans le restaurant Bergama (chaussée de Haecht dans la commune bruxelloise de Schaerbeek), des politiciens belges (d’origine turque ou non, on n’est pas racistes) membres de formations démocratiques ont assisté à la rupture de jeûne organisée par l’organisation d’extrême droite Belçika türk koordinasyon kurulu (BTKK), en français : Conseil de coordination belgo-turc, suivie d’une conférence donnée par le docteur Abdulkadir Cay, ministre d’Etat sous le gouvernement Ecevit du Parti d’action nationaliste (MHP), le parti fasciste turc, dont les Loups gris sont l’organisation d’action musclée (voir ci-dessous).

Il semble qu’une des co-organisatrices soit Nezahat Namli, échevine du Mouvement réformateur (PRL) à Saint-Josse (commune de l’agglomération de Bruxelles-Capitale), c’est en tout cas ce qui ressort de l’affiche annonçant l’événement, placardée dans tous les cafés et snacks du « Türkbeekistan » (le « Chinatown turc » bruxellois).

Nébuleuse islamo-fasciste belgo-turque
Le Conseil de coordination belgo-turc, créé en mars 1996, regrouperait selon sa propagande nonante-trois associations, dont les fédérations suivantes : la Fédération turque de Belgique (succursale des Loups gris chez nous), la Fondation islamique turque de Belgique (Diyanet, dépendant de l’ambassade de l’Etat turc), la Fédération des travailleurs turcs de Belgique (annexe de la Diyanet), la Fédération culturelle islamique des travailleurs turcs de Belgique (synthèse turco-islamique regroupant les Loups gris islamistes), la Fédération sportive des Turcs de Belgique (dépendant de l’ambassade de Turquie en Belgique).

Le BTKK annonce fièrement sur la page en néerlandais de son site Internet qu’il est « au service de l’Etat turc et des compatriotes turcs toute l’année, 24h sur 24, 7 jours sur 7 ». Le site du BTKK, « Turkish Lobby », dont le nom ne prête pas à confusion, se profile dans le même registre que son homologue français « Tête de Turc », bataillant et pétitionnant contre les nombreux et polymorphes « ennemis de la Turquie »…

C’est le BTKK qui a organisé, avec l’Association pour la pensée d’Atatürk en Belgique (BADD), il y a quelques mois, la manifestation devant le monument ixellois au génocide arménien afin d’exiger son démantèlement.

Ils ont violé le cordon sanitaire !
Voici les noms des politiciens, dont une présidente de parti (Joëlle Milquet) et un secrétaire d’Etat régional bruxellois (Pascal Smet) qui ont donc participé au repas de rupture du jeûne organisé, le 10 novembre dernier, par l’échevine du MR (PRL) Nezahat Namli et son époux sous la houlette de l’organisation d’extrême droite Conseil de coordination belgo-turc.

La présence de dirigeants, élus et membres des partis démocrate-chrétien et démocrate-humaniste (ex-démocrates-chrétiens francophones) interpellera peut-être les Arméniens et Assyriens qui militent dans ces partis…

Le consul général de Turquie à Bruxelles et le consul à Anvers étaient également de la fête.

A part Ecolo, Spirit et le N-VA, tous les partis démocratiques belges comptant au moins un parlementaire étaient représentés :

Centre démocrate Humaniste
Joëlle Milquet (présidente, députée fédérale)
Clotilde Nyssens (sénatrice)

Christen-Democraat en Vlaams (CD&V)
Brigitte Grouwels (ancienne ministre communautaire, députée régionale)
Ergün Top (ancien candidat en 1999 et 2000)
Nebahat Acar (candidate en 1999, 2000 et 2003)

Parti socialiste
Emir Kir (échevin à Saint-Josse)

Socialistische Partij Anders (SP.A)
Pascal Smet (secrétaire d’Etat régional bruxelllois)
Cemal Cavdarli (député fédéral)

Mouvement Réformateur (MR)
Nezahat Namli (échevine PRL à Saint-Josse)
Sait Köse (échevin FDF à Schaerbeek)
Belma Tek (candidate PRL en 2003, conseillère au cabinet du Ministre des Affaires étrangères)
Hatice Ciftci (candidate PRL en 2003)

Agalev
Hüseyin Dönmez (candidat à la Chambre en 1999)

Sans étiquette politique fixe
Halis Kökten (conseiller communal à Saint-Josse)

Rappelons que le débat politique en Flandre ces jours-ci tourne autour des déclarations du président du CD&V (démocrates-chrétiens) et du chef de groupe de ce parti à la Chambre en faveur de la rupture du « cordon sanitaire » qui isole depuis plus de dix ans le Vlaams Blok, un parti d’extrême droite puisant ses racines idéologiques et historiques dans le mouvement nationaliste collabo des nazis, et frère d’armes du Front national de Le Pen.

Au même moment, côté francophone, le président du Mouvement réformateur (droite libérale) a appelé ses homologues à souscrire à une nouvelle « charte démocratique »…

Pierre-Yves LAMBERT

Responsable de la rédaction du site Suffrage universel – Bruxelles – 13 novembre 2003 – www.suffrage-universel.be

Dépêche diffusée le 13 novembre 2003 – Mise en ligne sur le site de RésistanceS (www.resistances.be) le 15 novembre 2003.